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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial
Révolution permanente


Par Alexandre Najjar
2019 - 11
La révolution en marche, que nous avons toujours appelée de nos vœux, a déjà remporté trois batailles : l’union sacrée de toutes les régions libanaises contre le confessionalisme et les partis au pouvoir ; la victoire de la non-violence malgré les provocations ; et la démission du Premier ministre après treize jours de tergiversations. Mais elle n’a pas gagné la guerre : la route est encore longue et le parcours parsemé d’embûches ! Car cette révolution, portée par la volonté de changement, le refus de la corruption et la souffrance des démunis, doit encore faire face à trois obstacles de taille :

1. le déni de toute la classe politique qui, au lieu de voir la poutre dans son œil, prend des airs de sainte nitouche et joue les enfants de chœur en caressant la révolution dans le sens du poil dans l’espoir de l’apprivoiser.

2. le machiavélisme de nos politiciens, qui ne sont pas nés de la dernière pluie et qui, se sentant en danger, vont se serrer les coudes, diaboliser davantage les prétendus « agents des ambassades » et constituer un gouvernement docile avant de tenter de torpiller tout projet visant à les juger et à les dépouiller des butins qui dorment dans leurs coffres. Le corbeau ne crève pas l’œil du corbeau et les loups ne se mangent pas entre eux. Les mafieux au pouvoir feront tout pour se protéger les uns les autres et éloigner le spectre d’une reddition de comptes qui sonnerait le glas de leur carrière et les conduirait en prison.

3. l’existence au Liban de deux partis armés inféodés à l’Iran, capables de mobiliser des voyous à tout moment pour terroriser les manifestants pacifiques. Cette entorse grave au jeu démocratique et ce « privilège » anticonstitutionnel reconnu à ces deux partis au nom d’une « résistance » qui incombe normalement à l’armée empêchent, par la force des choses, l’imposition par les révolutionnaires de mesures de transparence qui déplairaient à cette caste pourtant égratignée par la grogne de ses partisans minés par la crise économique.

« La révolution doit apprendre à ne pas prévoir », affirmait Napoléon Bonaparte qui en savait quelque chose. Il faudra néanmoins demeurer vigilants pour déjouer tous les pièges, rester en état de « révolution permanente », et suivre avec confiance la boussole du peuple – bien plus fiable qu’on ne le croyait (le sang-froid des gens lors de la réouverture des banques le prouve !) – pour mener à bon port notre canot de sauvetage. Le dernier.

 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166