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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial
Malédiction


Par Alexandre Najjar
2006 - 09
Le Liban serait-il maudit ? Quelle est donc cette malédiction qui pèse sur un peuple qui, en un siècle, aura connu quatre occupations, une dizaine de guerres et une quarantaine de luttes intestines ? Quel est son crime pour mériter pareil châtiment ? Michel Del Castillo nous rappelait dans le précédent numéro que les Espagnols ont vécu huit siècles de guerre avant de rencontrer la paix. Notre pays doit-il donc éprouver cette longue et douloureuse expérience, ce purgatoire, avant de parvenir à maturité ?

Mais ce constat ne doit pas pour autant se transformer en fatalisme. Il n’y a pas de destin : il y a des peuples soumis, c’est tout. Face aux facteurs endogènes et exogènes qui nous menacent, il ne sert à rien de céder au désespoir. Reconstruire ce qui a été détruit, oui, mais reconstruire d’abord une nation libérée des intégrismes et des ingérences régionales, une nation ayant une vision claire de ce qu’elle veut pour ses enfants...

Le parcours du regretté Naguib Mahfouz, prix Nobel de littérature 1988, doit nous servir d’exemple : l’écrivain égyptien a patiemment construit une œuvre colossale, traduite dans plusieurs langues, qui a brisé les tabous et sorti de l’ombre le roman arabe contemporain ; grièvement blessé en 1994 par un intégriste, il n’a jamais baissé les bras et a vaillamment poursuivi son combat. Mahfouz n’est pas seulement le symbole de la renaissance des lettres arabes, il est aussi un modèle de ténacité, de courage et de révolte contre l’obscurantisme.

Ce numéro trois de L’Orient Littéraire paraît à l’heure où les Libanais pansent leurs plaies. Puisse-t-il leur rappeler que tant que notre culture vivra, « les ténèbres organisées » ne triompheront jamais.
 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166