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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Editorial
Tenir


Par Alexandre Najjar
2007 - 02
Partout dans le monde, le programme des manifestations culturelles de l’année est annoncé dès janvier. Partout dans le monde, sauf au Liban. Car comment programmer quoi que ce soit quand le pays risque à tout moment d’être entraîné dans une guerre inutile, quand des émeutes peuvent éclater n’importe où, quand le spectre d’un coup d’État fomenté par l’étranger plane sur nous, quand l’aéroport et nos écoles sont constamment menacés de fermeture, quand, du jour au lendemain, nos rues et nos facs se transforment en champs de bataille ? Qui, aujourd’hui, peut prévoir l’avenir du Liban ? Il suffit d’écouter tous ces voyants et astrologues énumérer dans les médias nos malheurs futurs pour mesurer à quel point notre terre est devenue propice à toutes sortes de conjectures, ouverte à toutes les éventualités, et à quel point notre peuple est désormais « accroché aux cordes du vent »… À l’heure actuelle, nos festivals hésitent à monter des spectacles, la plupart des projets sont remis, les Salons du livre reportés, les artistes étrangers hésitent à se rendre au Liban… Notre demain, c’est l’inconnu. On attend, sans trop savoir quoi, la guerre, la paix, un miracle, un peu comme Estragon et Vladimir guettant l’arrivée de Godot dans la fameuse pièce de Beckett, ou Drogo, le héros du Désert des Tartares, scrutant un horizon d’où nul ennemi ne surgit jamais. Quelle sera la prochaine échéance ? Nos politiciens eux-mêmes ne le savent pas. Navigation à vue. Le Libanais ronge son frein ; on le tue à petit feu. Sortira-t-il du brouillard ? « Ma devise ? Tenir ! » nous disait Daniel Picouly dans le précédent numéro. Nous tiendrons.

 
 
 
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