Editorial
Words, words, words
Par Alexandre Najjar
2009 - 02
Cette fameuse tirade de Hamlet s’applique bien à trois situations plus ou moins désastreuses que nous vivons actuellement : d’abord, l’affaire de Gaza, où les logorrhées des dirigeants arabes et les vitupérations de l’ONU n’ont réussi à suspendre les combats que lorsqu’« il n’y avait plus personne pour raconter ». Les images insoutenables d’enfants déchiquetés ou brûlés au phosphore montrent bien les limites de la communauté internationale – si tant est qu’elle existe. Sur le plan francophone, malgré les belles paroles du président Sarkozy à la Cité universitaire le 20 mars 2008 et bien que la défense de la francophonie soit désormais consacrée par le nouvel article 87 de la Constitution française, nous apprenons que « la présence culturelle française à l’étranger est étranglée par une baisse des crédits de près de 30 % », alors que, dans le même temps, le British Council affiche une augmentation de 5,5 %, le Goethe Institut de 12,4 % et l’Institut Cervantès de… 66 % ! Au vu de cette politique irresponsable, qui s’étonnera encore de voir la langue française péricliter ? Dans un tout autre registre, malgré les promesses et les assurances, le palais de l’Unesco à Beyrouth, entretenu grâce à l’argent du contribuable, continue à être utilisé comme tribune par des Goebbels en puissance et comme lieu de rencontre par certains groupuscules et partis libanais ou étrangers qui y organisent, en présence de fanfares et de porte-drapeaux, d’écœurantes « expositions » et des meetings de soutien à toutes sortes de « causes », avec, en prime, le portrait œcuménique de Che Guevara – qui n’en demandait pas tant. Cette mascarade ne peut plus durer. À quoi bon échafauder les plans d’un opéra au centre-ville si nous ne sommes même pas capables de défendre le palais de l’Unesco contre ceux qui, au nom des mots creux et des discours oiseux, le prennent en otage et le défigurent ?
|