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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Essai



Par Carole André-Dessornes
2015 - 11


À travers Jihad Academy, Nicolas Hénin – reporter indépendant ayant sillonné les routes du Moyen-Orient et en particulier celles de Syrie et d’Irak – lance un véritable réquisitoire contre le régime syrien et l’État islamique. 

Loin de tomber dans le «?prêt à penser?» l’auteur nous invite à voir les complicités et responsabilités internationales, sans oublier les contradictions internes propres à un régime qui, se sentant acculé, n’hésite pas à tirer profit de la montée du radicalisme tout en alimentant ce dernier.

L’invasion de l’Irak sur décision de l’administration Bush en 2003, l’immobilisme et le refus de voir la réalité en face concernant la Syrie, n’ont eu de cesse de renforcer l’emprise d’un phénomène qui, aujourd’hui, nous submerge.

Pour l’auteur, faire de Bachar el-Assad le partenaire incontournable dans la lutte contre l’EI reviendrait en quelque sorte à pactiser avec le diable. Parler d’intérêts mutuels entre Daesh et le régime syrien serait parfaitement fondé, selon Nicolas Hénin… Pour lui, les deux parties, par la radicalisation du conflit entendent avant tout éliminer l’opposition dite «?modérée?». Si les combattants de l’EI gagnent du terrain, c’est avant tout sur les groupes rebelles modérés.

L’EI a parfaitement su exploiter la désintégration de l’État irakien et la non-intervention en Syrie. Le régime et l’organisation jihadiste ont su tirer profit des peurs et des fautes de l’Occident, ce dernier ayant bien du mal à assumer sa part de responsabilité. L’obsession de l’Occident pour la question sécuritaire brouille les cartes et renforce Damas, alors en situation de survie.

Hénin s’évertue à relativiser la «?toute-puissance?» trop souvent prêtée à l’EI?: en effet, si la ville de Mossoul est tombée entre les mains de ses combattants, c’est en grande partie grâce à la débâcle de l’armée irakienne.

Cette force de l’État islamique en Irak repose sur le ralliement des tribus et des militaires de l’ex-armée baasiste, mais également sur sa capacité à provoquer un sentiment d’horreur à travers des mises en scène toutes plus morbides les unes que les autres.
Par ailleurs, il rappelle combien il serait erroné de considérer le régime syrien comme le défenseur des minorités?; cette posture relèverait bien plus du mythe. Ce positionnement mis en avant par le régime ne serait «?qu’un slogan publicitaire?». En se focalisant sur le sort de ces minorités, sans pour autant nier leur souffrance, on oublie les violences subies par les autres populations, majoritaires cette fois.

Traiter les crises irakienne et syrienne séparément n’aurait aucun effet bénéfique. La Syrie et l’Irak sont «?nos voisins?», «?si nous les oublions, ils se rappelleront à nous de la pire façon possible?».

La conclusion tient en une phrase?: renouer avec Assad ne permettra en aucune manière de combattre et d’arriver à bout de Daesh. Nous avons ainsi permis à l’État islamique de «?s’imposer à notre agenda?» en lui laissant «?un espace où prospérer?». 





Nicolas Hénin au Salon
Débat «?État islamique?: entre mythes et réalité?», le 29 octobre à 16h (Agora)/ Signature de Jihad Academy à 17h (Virgin) et à 18h (Noir Blanc etc.)
 
 
D.R.
 
BIBLIOGRAPHIE
 
2020-04 / NUMÉRO 166