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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Essai

L’Orient-Le Jour a un siècle… ou presque. 90 ans, un âge vénérable pour une institution dont l’histoire se confond avec celle du Liban. 

Par Michel Hajji Georgiou
2014 - 11
À en croire un dicton russe, «?pour devenir centenaire, il faut commencer jeune?». L’intérêt de L’Orient-Le Jour, c’est qu’il a sans doute su préserver, à travers le siècle, sa jeunesse, et se réinventer constamment, en dépit des épreuves terribles qui ont dévasté le Liban – sans épargner, symbiose oblige, l’équipe du journal. 

C’est l’histoire de cette jeunesse – et de cette genèse –, à travers L’Orient, Le Jour et L’Orient-Le Jour que nous raconte Michel Touma, secrétaire général de la rédaction du quotidien, pour son deuxième opus après sa biographie de Mgr Grégoire Haddad parue en 2012.
Cet ouvrage fouillé, bien documenté, parsemé de témoignages des vétérans de l’équipe des trois quotidiens?– notamment Michel Eddé, Christian Merville, Lucien George, Issa Goraïeb, Roger Geahchan, Amine Aboukhaled, Marwan Hamadé, Samir Frangié, Nayla Moawad, cheikh Michel el-Khoury, Nagib Aoun, Joseph Chami, Maria Chakhtoura, Abdo Chakhtoura, Gaby Nasr, etc. –, assume plusieurs fonctions complémentaires.

À travers ce livre, Michel Touma offre d’abord une visite guidée des locaux de L’Orient, du Jour, et de L’Orient-Le Jour sur quatre générations. L’occasion pour le néophyte de croiser, et pour l’initié de retrouver, l’espace de quelques pages, certains monstres sacrés de l’histoire de la presse libanaise et de la vie politique et constitutionnelle du pays, aujourd’hui disparus. L’homme aux formules létales, le journaliste alpha, Georges Naccache, par exemple, au détour d’un éditorial, dont il a brûlé, à l’aide de sa cigarette, les mots qui lui déplaisent. Ou encore l’humaniste Michel Chiha, animé d’une passion brûlante?: le Liban, sa vocation, ses spécificités, sa pérennité. Et puis beaucoup d’autres personnalités singulières encore, dont certaines ne sont plus de ce monde?: Charles Hélou, Kesrouan Labaki, René Aggiouri, Édouard Saab, André Bercoff, Marie-Thérèse Arbid, Salah Stétié, Jean Chouéri, Mirèse Akkar, Fabienne Thomas, Jean Issa, Samir Kassir, Maroun Bagdadi, Amal Naccache, Nohad Azar, etc. 

Mais l’invitation au voyage ne se limite pas aux seuls arcanes des trois quotidiens. Qu’est-ce en effet qu’un quotidien coupé de sa réalité?? Michel Touma s’emploie donc à retracer le cadre historique dans lequel L’Orient-Le Jour a mûri, des premiers balbutiements du Grand-Liban aux incertitudes actuelles, en passant par l’âge d’or du pays, la chute vertigineuse dans l’enfer de la guerre avec son lot de drames pour le quotidien, les temps asphyxiants de l’hydre sécuritaire libano-syrienne à l’ombre de la tutelle du régime baassiste, et l’euphorie du Printemps de Beyrouth. En résumé, c’est l’ascension et le déclin du Liban, avec ses moments de purs bonheurs et d’intenses tragédies, que l’auteur parcourt en quelques centaines de pages. 

Mais point de pessimisme et de défaitisme pour autant, en dépit des difficultés. L’auteur fait en effet ressortir l’esprit de résilience, sinon de résistance professionnelle, culturelle, politique, qui a caractérisé, à chaque fois, l’équipe de L’Orient-Le Jour, et lui a permis de venir à bout de tous les obstacles et de toutes les mauvaises passes. Sa plume généreuse ne tarit pas non plus d’éloges sur la génération de la relève, celle qui porte, avec l’aide active, indispensable et pleine de sagesse des vétérans du journal, aujourd’hui le flambeau d’une institution-référence. 

90 ans, donc… mais une cure de jouvence à savourer sans modération.



L'Orient-Le Jour au Salon
 
Table ronde «?Les 90 ans de L’Orient-Le Jour?» le 7 novembre à 18h (Agora) / Signature à 19h30 (Stand L'Orient-Le Jour)
 
 
L'Orient-Le Jour
 
2020-04 / NUMÉRO 166