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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Essai



Par Maya Khadra
2014 - 07
Inéluctable est cette pulsion existentielle, inhérente à notre nature humaine, d’aspirer à l’au-delà. L’Idéalisme a toujours empreint de sa marque indélébile les œuvres philosophiques et littéraires. L’idéalisme allemand dont les figures de proue furent Kant, Fichte, Schelling et Hegel a placé au cœur de ses intérêts le «?sujet transcendantal?». Charles Baudelaire, poète maudit séquestré dans ses paradis artificiels, édifie la théorie des correspondances, platonicienne à la base, pour déceler dans le prosaïsme du monde un lumignon d’espoir?; celui qui rime avec verticalité et élévation. L’académicien Michel Tournier, dans son roman humaniste Le roi des Aulnes, admet l’existence d’un au-delà dont la clé de voûte serait paradoxalement détenue par l’en deçà. Et s’il y aurait une représentation mimétique et perceptible de cet au-delà, elle serait celle des astres. L’ouvrage de Paul Zgheib, La représentation picturale syriaque des astres à la limite du syncrétisme et de l’éclectisme anciens, tisse un lien infrangible entre la spiritualité et la religiosité des symboles astraux. En effet, ces derniers seraient des missives métaphoriques envoyées de la part d’un Tout-Puissant, présumé, aux Hommes. L’art syriaque, produit vernaculaire de la région du Moyen-Orient, tel qu’il est étudié dans l’ouvrage de Zgheib serait un hymne à la spiritualité où le sacré se révèle, en une sorte d’hiérophanie irrécusable. Il y est également question de métissage de cultures. Parler d’éclectisme, en effet, place l’art syriaque sous la coupe des autres civilisations latine, mésopotamienne, grecque?; toutes païennes. Le syncrétisme, tant qu’à lui, s’avère être l’aboutissement des recherches menées par Paul Zgheib afin de trouver pour l’art pictural syriaque une pierre angulaire sur laquelle il reposerait solidement. Quoique contesté par maints critiques d’art dont Mahmoud Zibawi, l’hypothèse du syncrétisme de l’art syriaque prendrait source dans l’énorme legs syriaque parsemé partout au Liban. La montagne libanaise, matrice des maronites héritant de la culture syriaque, est une région regorgeant de sculptures, dessins muraux et icônes fortement marqués par cette poussée transcendantale. Nous en citons?: la peinture murale de l’Église Notre Dame de Qannoubine, l’icône de la Sainte Vierge d’Ilige, les manuscrits syriaques réservés au British museum de Londres et à la bibliothèque du Vatican, les fonts baptismaux sertis d’astres avec la peinture pariétale de la grotte de Kfar Shleiman, etc. Par le biais d’une voie stellaire, un clin d’œil artistique est alors fait en hommage de l’art syriaque dans l’ouvrage de Paul Zgheib, sans balayer toutefois la nébuleuse qui entoure la pertinence de l’existence de cette école artistique.


 
 
D.R.
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166