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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Poésie
Nostalgies


Par Ritta Baddoura
2018 - 02

Une comptine d’enfance. Souvenir de rond dans l’eau. La vigueur du lancer de caillou est percutante et le cœur du poème en est compact et cocon à la fois. Le monde extérieur et celui des sensations et souvenirs sont translucides et miroitants telle la surface de l’eau. La grâce du moment où le rond se forme et s’évanouit est entière. Le caillou a fixé le ressenti du lecteur et l’emporte avec lui dans les profondeurs aquatiques.
«?Je me sens reconnaissante pour ce jour de printemps, passé au creux des montagnes, loin de la foule déchaînée. C’est une journée ensoleillée, sans goût de fixatif et sans princesses fabriquées en une nuit. L’odeur de la terre humide descend de la Tâmpa, entre dans les poumons, puis se répand dans le corps entier, si bien que demain, je serai un jardin fleuri ou tout au moins un carré de tomates.?» 

Fraîcheur silencieuse du sous-bois intérieur, raffinement du geste – qu’il enfile ou qu’il brise «?le collier de cailloux?» – Doina Ioanid décompose et recompose ses nostalgies. Battement d’ailes?: sa poésie est presqu’imperceptible et sans façon. Ses mots se saisissent des faits ordinaires. Prenant la prose par la main et l’entraînant dans sa ronde, le recueil se compose de deux parties?: «?Intervalle?», et l’émouvante «?Lettre pour Papy Dumitru?». 

Doina Ioanid conjugue la nostalgie au présent, passé, futur. Toujours dans ses liens aux origines, aux aimés et à la nature. Nostalgie de tout ce qui est perdu?: car déjà advenu, en train d’advenir, ou n’adviendra jamais. 

Ioanid se cherche sans cesse. Dans ses rêves d’enfant, ses rêves de femme au présent et ses angoisses de femme mûre en devenir, ses rêves d’être tout ce qu’elle n’est pas ou ne sera jamais. Elle décline le sentiment d’être soi, de n’être que soi et d’être un peu l’autre, dans un mélange d’insubordination, de tristesse, de félicité et de douceur qui n’appartient qu’à elle.

 
 BIBLIOGRAPHIE
 
Le Collier de cailloux de Doina Ioanid, traduit du roumain par Jan H. Mysjkin, Atelier de l’agneau, 2017, 70 p.

 
 
 
 
2020-04 / NUMÉRO 166