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Poésie
Douze poètes dans la ville


Par Charif Majdalani
2015 - 05
Il est de coutume aujourd'hui de penser ou de croire que la poésie a disparu. Le triomphe du roman, devenu le genre hégémonique au sein de la littérature contemporaine au point que le mot même de littérature ne renvoie plus, dans l'imaginaire moderne, qu'au seul domaine romanesque, a rejeté dans l'ombre les autres genres littéraires, si tant est que l'on puisse encore faire des distinctions génériques. Le roman a si fortement évolué depuis cent ans qu'il en est arrivé à fédérer les autres modes d'expression, à reprendre et à mêler en lui leurs multiples caractéristiques. Il n'en demeure pas moins que la poésie, à l'instar des autres genres, existe toujours, comme geste autonome, comme pratique précise qui exprime une posture de l'homme dans le monde. Ces pratiques et ses postures sont nombreuses, et il y en a autant qu'il y a de poètes dans le monde. 

Au cours d'une manifestation qui se tiendra durant deux jours dans la capitale libanaise, la Maison Internationale des Écrivains à Beyrouth, en partenariat avec l'Université Rennes 2 et son festival de poésie Déklamons, a décidé de rendre compte de cette diversité, en rassemblant douze poètes de huit pays qui, dans des lectures ou des performances, feront entendre leurs voix propres et permettront simultanément de mettre en valeur les diverses voies que peut prendre la poésie actuelle. Seront réunis des poètes qui continuent à lier la poésie à la philosophie en donnant même à la première un rôle ontologique tels Carles Duarte, le grand poète catalan, le Libanais Jad Hatem, ou encore le Français Pierre Parlant, qui a été en résidence à Beyrouth durant un mois et demi avant le festival et qui assigne à la poésie un rôle d'interrogation éthique, tout en la questionnant, en son essence même, sur son rapport au récit et sur la manière qu'elle adopte pour donner « figure » au réel. Ce genre de questionnement sera également représenté à Beyrouth par la Française Florence Pazzottu. Mais un tout autre versant de la création poétique le sera également, à travers le grand poète belge William Cliff, dont l'œuvre est plus proche de ce que la critique appelle parfois le lyrisme, une poésie narrative mettant en scène un moi qui voyage ou qui se raconte en renouant avec la tradition de l'usage et du malmenage du vers à la grande manière d'Aragon ou de Blaise Cendrars. Une poésie de la désillusion, voire de la déréliction de l'homme dans notre temps, ou sur le quotidien et sa douce et lancinante musique secrète sera représentée par les Libanais Iskandar Habache, Fawzi Yammine ou encore par le Syrien Fouad M. Fouad, tandis qu'une poésie en prise avec le réel et les combats de l'individu dans les sociétés modernes sera à découvrir dans les œuvres du Britannique Keston Sutherland, de l'Américaine Andréa Brady et de la Palestinienne Hind Shoufani. 

L'une des caractéristiques de ces deux journées sera aussi de mettre en valeur les diverses modalités qu'adopte la poésie pour se faire entendre, au sens littéral. Il est dans l'ordre des choses que les poètes donnent de la voix à leur texte, leur donnent chair. Nombre des écrivains invités à Beyrouth sont de grands lecteurs, tels William Cliff ou Keston Sutherland. Andréa Brady et Hind Shoufani sont par ailleurs, chacune à sa manière, à l'origine de forums de lectures poétiques, alors que Florence Pazzottu accompagne les siennes de projections vidéo et Shoufani de morceaux de films. Cette manière de mettre le texte en scène et de le faire dialoguer avec les autres arts, notamment visuels, pourrait rapprocher certaines formes de déclamations poétiques de la performance, un genre propre qui sera représenté lors des rencontres par le Français Sébastien Lespinasse, chez qui les mots et leurs sons se trouvent comme rendues à une sorte de très belle nudité plastique.

 
 
Poésie et performance, 8 et 9 mai 2015, théâtre Gemmayzé

Vendredi 8 mai
18h-18h20 : William Cliff (Belgique), fr. 
18h30-18h50 : Fouad M. Fouad (Syrie), ar. 
19h-19h20 : Pierre Parlant (France), fr. 
19h30-19h50 : Hind Shoufani (Palestine), an.
20h-20h20 : Keston Sutherland (Royaume-Uni), an.

Samedi 9 mai
16h30-16h50 : Jad Hatem (Liban), fr.
17h-17h20 : Fawzi Yammine (Liban), ar.
17h30-17h50 : Sébastien Lespinasse (France), fr.
Pause
18h30-18h50 : Carles Duarte (Espagne), cat./fr.
19h-19h20 : Iskandar Habache (Liban), ar. 
19h30-19h50 : Florence Pazzottu (France), fr.
20h-20h20 : Andrea Brady (USA), an. 
 
 
 
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