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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Poésie
Sur une intuition moins simple qu’il n’y paraît


Par Salah STÉTIÉ
2014 - 03
M’impressionne cette reflexion d’Ounsi el-Hajj: « Quand je suis né, j’estimais que j’étais grand. Mais d’année en année, et d’étape en étape, la vie passant, j’ai senti que je rapetissais. » Il y a là à mes yeux une étonnante expérience de l’être dans son développement qui n’est, en fait, qu’une involution. Au fur et à mesure que l’homme apprend et connaît et s’étend, s’ouvre en lui une sorte de trou qu’on appelle la conscience, où à la manière du « trou noir » cosmique, la matière accumulée aux abords de cette aberration inexplicable, inexpliquée, disparaît et s’égare dans l’incompréhensible : l’énigme d’une matière devenant antimatière, d’une conscience devenue supra conscience. Dans l’avancée d’une vie d’homme (et c’est sans doute ce qu’exprime cette constatation d’Ounsi), la perte est évidente, la roue de loto fonctionne à vide et vers, si possible, plus de vide encore. Est-ce, à la fin des fins, la résurrection d’une enfance regagnée qui se profile ? Rapetisser serait-ce anticiper ? Le chemin de la poésie est essentiel parce qu’il ramène aux origines de l’univers, au premier jaillissement de la langue, qui est, au-delà même des balbutiements premiers, dans une traversée fulgurante de l’expérience, l’alphabet ontologique de notre condition mystérieuse.

 
 
 
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