Par Zaghloul el-Damour
2019 - 12
Joseph el-Hachem, surnommé Zaghloul el-Damour, est né en 1925 à Bouchrié. Son père, originaire du Damour, était désigné par « el-Damouri ». La naissance de Zaghloul en tant que zajaliste a lieu à l’âge de neuf ans dans le Chouf où il passe ses vacances d’été. Lors de sa première joute, il reçoit le surnom de Zaghloul ou petit oiseau.
Il fonde sa première troupe en 1945 et s’entoure de quatre poètes, contribuant ainsi à donner vie à la deuxième génération de zajalistes après Chahrour el-Wadi, le maître du zajal auquel on doit les lois du genre au Liban. Surnommé le Sinbad du zajal libanais, les tournées de Zaghloul le mènent en Amérique du Sud, en Afrique et dans les pays arabes. Il est le premier à faire du zajal à la télévision dès le milieu des années soixante. Avec lui advient un âge d’or du zajal et de ses joutes oratoires enflammées durant lesquelles s’affrontent deux poètes, ou deux équipes de zajalistes dans des duels émotionnels et impitoyables.Â
Dans les années 70, Zaghloul cofonde et dirige avec Zein Shouaib Al-Masrah, revue entièrement dédiée au zajal. Ensemble ils publient divers ouvrages de zajal dont Khamsoun sana maʻ al-Shiʻr al-zajali (1995), et Omr wa safar (2005). Zaghloul el-Damour est décédé fin janvier 2018 à l’âge de 93 ans à Zalka.
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Notre pays
« (…)
Notre pays, avant qu’il disparaisse, rattrapez-leÂ
Après, à quoi ça nous servira de le regretter ?
Allez à l’attaque et n’économisez pas vos brasÂ
Pour que nous puissions vivre tous en paix
(…)
La terre, ce sont nos ancêtres qui l’ont construiteÂ
Si nous l’abandonnons, ce sera notre faute
Vraiment, il faut que les gens le sachent
Celui qui ne préserve pas la dignité de son paysÂ
Il vivra toute sa vie sans honneur
Nous ne sommes pas des kidnappeurs ou des criminelsÂ
Ni des cruels, Ã casser des bouteilles
Ni à faire feu ou arracher les décisionsÂ
A la pointe de la lance ou au fil de l’épée yéménite
Ni à plonger les astres dans un nuage de sangÂ
Ni à ramasser les crânes sur un plateau
Ni à créer une guerre permanenteÂ
Ni à joncher les routes de cadavres
Nous sommes venus pour réveiller celui qui dormaitÂ
Avec des mélodies et des paroles sonnantes
(…)
Dieu m’a créé artisteÂ
De mon état je ne suis pas défectueux
Je chante et je parle dans mille languesÂ
Je ne flotte pas dans un peu d’eau
Si les Américains essayaient de me séduireÂ
Avec tout l’argent du monde
Je ne leur donnerais du LibanÂ
Pas même deux poignées de nos mûres
Je n’oublie pas la besace du bergerÂ
Ni le sarwal, ni le tarbouch
Ni le bonnet en feutreÂ
Dont mon grand-père était fier »
Traduit de l’arabe par Jean LambertÂ