Par Abdo Wazen
2019 - 03
 Le parfum du néon
Sous la lumière du néon dans la pièce close, tu ne peux dissimuler même pas un frisson parcourant en secret ton âme. La lumière immaculée, plus radieuse que la mort, tombe comme sel d’un ciel blanc et dénonce tout ce que recèlent les recoins de l’invisible.
Pas d’ombre ici pour un visage, ni pour une main si elle se lève, ni pour un Å“il s’il est refermé.Â
Une lumière étincelante comme acier qui efface ce qui jaillit de sensations, efface le clignement d’un regard et le sommeil des deux pupilles. Aucun nuage ne frémit ici, qu’il s’élève du plus sombre de l’insomnie. Et si un oiseau surgit d’une fosse, le voilà vite qui chute sans ailes.
Sous la lumière du néon, pas de recoin pour l’obscurité d’un cœur, pas d’espace pour une aurore. (…) Le jour est jour ici et la nuit est jour. L’après-midi se répand comme du lait dans la coupe du coucher. Même l’aube a un parfum de soleil couchant d’un blanc éblouissant.
Sous la lumière du néon, dans la pièce emplie de son vide, tu ne vois ni colombe ni hirondelle cachant un printemps dans ses prunelles. La neige est familière et pourrait brûler les doigts. Le soleil ne s’incline pas ici et son rougeoiement jamais ne coule. Même la lune se cache à hauteur de mur. Il se peut que passent un jour, deux jours, un mois, une année, un siècle, …et il se peut que l’horloge murale suspende ses battements. Même tes yeux, il se peut que tombe sur leurs paupières un coton plus délicat qu’écume.
Traduits de l’arabe (Liban) par Ritta Baddoura