Par Amin Khan
2016 - 07
Né le 18 octobre 1956 à Alger, Amin Khan est un poète algérien d’expression française. Il étudie la philosophie, l’économie et les sciences politiques, à Alger, à Oxford et à Paris où il réside actuellement. C’est sous le nom d’Amin qu’il publie ses deux premiers ouvrages en 1980 et 1982. Auteur de plusieurs recueils de poésie, Amin Khan a reçu en 2012 le Prix Méditerranée Nikos Gatsos et le Prix François Coppée de l'Académie française pour Arabian blues (éditions MLD, 2012).Â
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Traces
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(…) ne prends pas cet air malheureux
ne joue pas à l’hippocampe amoureux au minerai à l’oiseau
car il faut n’être ni minéral ni animal ni humain
il faut jeune homme être doué avoir le luxe
d’être quelque chose comme un assassin
un chien enragé par l’immensité de la tâche
être conscient du temps connaitre ses ennemis
mordre renoncer au plaisir au hasard
et à la bienveillance des cieux
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il faut se débarrasser de tout ce qui gêne
et de soi en particulier
se mettre au service d’un ordre amoral
partager la pitance des chiens semblables à l’infini
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(…) mais dis-moi connais-tu de l’intérieur le tourmentÂ
as-tu cherché comme un fou Dieu entre deux répétitionsÂ
as-tu dealé parfums enivrants contre amères vérités
as-tu trahi par choix as-tu vendu l’or des aïeux as-tu pleuré comme
un homme perdu près de la flaque de l’assassinat
as-tu retenu dans tes bras la chaleur la beauté le bien d’autrui
t’es-tu troué un passage de chair pour ton ressentiment
as-tu partagé de tes mains sales la haine de millions
(…) as-tu assez de douleur à répandre sur la terre
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(…) ne crains pas d’être seul passant poussiéreux
va aux douches publiques
plonge-toi dans l’air humide et chaud de la confession générale
offre ta crasse et ton anxiété
peu importe ton ignorance c’est ta chance
aide-toi de pilules et de thé accroche-toi à un fil
au sein de la confusion n’oublie pas qui tu es
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(…) ne crois pas l’apparence de la première vision venue
ne crois pas qu’il existe jeune homme
une chose comme la poésie
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visite à l’occasion les jardins de l’enfer et du paradis
mais déguise-toi maquille-toi change ta voix
que les gardiens ne t’aient jamais vu passer par lÃ
dissimule-toi lorsque tu dois vraiment boire et manger
sois ostensible dans le simulacre du temps
(…) la mort ne sera jamais là lorsque tu veux
les plus grands poètes sont tristes et vaniteux
jeune homme quoique tu fasses tu ne seras jamais mieux..
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Poème extrait des Cahiers Jamel Eddine Bencheikh : savoir et imaginaire, L’Harmattan, 1998.Â