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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Poème d’ici



Par Hanadi Zarka
2014 - 01

Hanadi Zarka est née en 1974 en Syrie. Ses premiers poèmes paraissent dans le recueil À l’insu de tes mains (Maison de Kanaan, 2001). Depuis, d’autres recueils, tels que De trop (Damas capitale arabe de la culture, 2008) ont paru, et des poèmes ont été publiés dans divers magazines arabes et européens.

 

Électre

Tu as tué ton père?!

J’ai tué mon père.

Je l’ai longtemps porté,

Et l’ai vêtu de chaque homme que j’ai rencontré.

J’ai répandu pour lui mon encre

J’ai fait briller les calices de son absence

J’ai arraché son jour de ma nuit

Et j’ai erré et erré

(Idole de la mémoire qui ne vieillit pas)

Il m’a fallu tuer mon père

Il m’a fallu l’enterrer loin

De tous les matins où je regarde mon visage en face

 

 

Bien plus que j’en ai besoin

Des brosses à dents

Des cendriers

Des habits

Des hommes

Je possède beaucoup de choses 

Bien plus que j’en ai besoin

Convaincue d’avoir plus que ce dont j’ai besoin

Comme d’un ongle long et facile à couper

J’ai peur d’en céder quoi que ce soit

Et qu’il manque quelque chose à ma solitude.

 

 

Ce que j’ai

Des femmes

Elles ont

Maisons

Époux

Enfants

Je n’ai ni maison

Ni époux 

Ni enfant

J’ai les rêves de leurs portes

La joie de leurs enfants

Et les regards désespérés de leurs maris 

 

 

Un nuage errant et des hommes solitaires

À chaque fois que son image est entière 

Elle acquiert une nouvelle image.

Aucun hiver ne l’attend

Aucune terre 

Les enfants courent derrière elle,

Et tissent autour d’elle des images

Que l’absence ne retient pas.

Elle sort d’un silence

Pour susciter le doute.

Elle est un nuage errant

Ni plus 

Ni moins

Une illusion 

Pour des hommes solitaires

Qu’emporte dans son vol un nuage errant.

 

Traduits de l’arabe par Ritta Baddoura

 
 
D.R.
 
2020-04 / NUMÉRO 166