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2020-04 / NUMÉRO 166   RÉAGISSEZ / ÉCRIVEZ-NOUS
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Témoignage



Par Elias Khoury
2019 - 11
Les Libanaises et les Libanais se sont réveillés d’un long coma et ont découvert qu’il leur devenait possible de construire une nation.

La nation imparfaite s’est accomplie dans la révolution?: révolution de la colère, de l’amour et de la joie.

Une génération nouvelle a posé les fondements d’un exercice du politique qui s’organise en dehors des structures confessionnelles, structures qui ont transformé la pratique du pouvoir en un terrain de jeu dominé par la corruption, le vol, l’arrogance et la banqueroute morale et matérielle.

La révolution donne ainsi naissance à un exercice du politique qui s’appuie sur les structures sociales et culturelles existantes et déclare la fin du clientélisme qui a érigé des bastions confessionnels ceinturés par la haine et l’ignorance et travaillés par le jeu des influences étrangères.

La société retrouve ainsi les valeurs de liberté et d’émancipation, les femmes ouvrent les voies de leur libération, la rue met fin au pouvoir machiste et patriarcal. 

Les jeunes, hommes et femmes, sont en première ligne?: ils renaissent en construisant une nation. 

Tel est notre Liban, une nation où vivent des individus libres, maîtres de leurs corps, de leurs rêves et de leurs destins, qui déclarent d’une seule voix que la chute du régime oligarchique et confessionnel est la condition de la renaissance.

Une révolution a commencé, qui ne se mesure pas à l’aune des résultats politiques obtenus, car elle est encore au début d’un long parcours?; parcours qui a pour objectif la destruction des carcans mentaux, sociaux et culturels qui ont entravé le peuple et l’ont transformé en autant de confessions.

La révolution a remporté la victoire parce que pour la première fois elle a gagné toutes les villes du pays et qu’elle a parlé d’une seule voix pour dire la volonté du peuple.

Lorsque nous sommes capables de parler d’une seule voix et que nous ne craignons plus les puissances de l’argent, des confessions ni celles des armes, nous ouvrons les voies de la liberté par nos voix, nos chants et notre ténacité.


 
 
© Roger Asfar 2019
 
2020-04 / NUMÉRO 166